
Dans le calme d’un hôpital de Lamballe, en Côtes-d’Armor, Marie Lerat avance d’un pas sûr.
Kinésithérapeute depuis plus de dix ans, elle exerce un métier exigeant où précision, confiance et écoute se conjuguent chaque jour. Atteinte d’une déficience visuelle depuis la naissance, elle a choisi de tracer sa voie sans jamais se laisser définir par son handicap. Son parcours force le respect : études à Paris dans une école spécialisée, retour en Bretagne, embauche immédiate après son diplôme.
C’est un peu plus tard qu’un compagnon singulier vient compléter ce parcours : Mika, un labrador noir originaire de l’Association Les Chiens Guides d’Aveugles de l’Ouest. Sa venue marque un tournant. Entre la première demande, la réforme d’un chien blessé, puis la naissance de sa fille Louise, trois ans se sont écoulés avant leur rencontre. « Je voulais un chien, mais un chien éduqué, parfait », explique-t-elle simplement.
Depuis 2017, Mika l’accompagne partout. Ensemble, ils parcourent chaque jour le trajet qui relie son domicile à l’hôpital : bus, trottoir, couloirs familiers. Une équipe soudée, discrète, efficace. « Il n’a jamais manqué un jour de travail », sourit-elle. Dans le bureau de rééducation, Mika patiente calmement, salué par les collègues et remarqué par les patients. Certains se détendent à sa présence ; d’autres, d’abord craintifs, finissent par le caresser.
Pour Marie, Mika n’est pas seulement un chien guide, mais un partenaire de vie. Au travail comme à la maison, il apaise, relie, rassure. Il accompagne les pas de sa maîtresse autant qu’il éclaire son quotidien. « Il fait partie de nous », dit-elle simplement. À travers lui, c’est tout un équilibre qui s’est installé : celui d’une femme libre, stable, ancrée, qui avance avec douceur et détermination.
Derrière cette sérénité apparente, il y a des années d’effort, d’adaptations, de courage silencieux. Marie incarne cette force tranquille qu’inspire chaque bénéficiaire de chien guide : la capacité à transformer la contrainte en confiance, la fragilité en élan.
Et si elle avance aujourd’hui à pas sûrs, c’est aussi grâce à celles et ceux qui soutiennent cette grande chaîne de solidarité, familles d’accueil, éducateurs, donateurs. Chaque geste compte : c’est lui qui permet à d’autres comme Marie de marcher vers leur autonomie, un pas après l’autre.