Le chien guide, un projet de vie

Atteinte d’un handicap visuel génétique détecté à l’âge de 6 ans, Régine Thomière perd progressivement la vue jusqu’à ne plus oser se déplacer à l’âge de 28 ans. Sa maladie, qui passe pour de la maladresse auprès de ses proches, est diagnostiquée en 1978. Au fur et à mesure qu'elle grandit, sa vue baisse. Elle doit alors s'adapter sans cesse jusqu'à l'arrivée dans sa vie de son chien d'aveugle. Découvrez son témoignage. 

 

Régine s'est toujours sentie différente des autres enfants sans jamais parvenir à comprendre ce qui la différenciait. Habitant en milieu rural, elle écrit, dessine et fait du vélo comme des autres enfants, sa famille ne prend donc pas conscience de la gravité de son handicap. « Je me rappelle que ma grand-mère essayait de me faire faire de la broderie ». Elle grandit et s'adapte à sa déficience visuelle et obtient même un BEP vente et action marchande. Mais en raison de la détérioration de sa vision, elle renonce à passer un baccalauréat professionnel, qui nécessite de recourir à l’internat. Après un stage de trois mois dans un syndicat d’initiative, elle suit une formation d’agent d’accueil et de communication en milieu spécialisé. C’est alors qu’elle apprend le braille et réalise que d’autres personnes vivent avec le même type de handicap. C'est là aussi qu’elle découvre le chien guide.

A 25 ans, elle s’installe à Toulouse, apprend l’informatique adaptée dans une association pour personnes déficientes visuelles et trouve un emploi dans une association. Trois ans plus tard, elle demande enfin son premier chien guide car la lumière l’empêche de se déplacer. Elle l’obtient en 2001. « Il m’a rendu la liberté et ma confiance en moi. J’ai alors eu envie d’être maman, un projet partagé avec mon compagnon voyant. »

En 2002 et 2005 naissent deux petits garçons. « J’ai adopté une écharpe pour porter mon petit dernier, tandis que je tenais son grand frère de la main droite. Guidée par ses chiens guides successifs, Régine les mène à l’école et suit les devoirs avec une aide deux fois par semaine et un dictaphone pour enregistrer les leçons. Le chien a tout de suite compris qu’il fallait adapter la largeur du passage. Et les garçons ont fait le plein de câlins. « Souvent, je retrouvais mon fils endormi avec mon chien ». Mais la vision de Régine se dégrade encore massivement suite à ses grossesses.

 

A 37 ans, elle suit pourtant une formation d’esthétique et obtient le CAP : au programme, soins du visage et du corps, massage, épilation et même maquillage. Pendant huit ans, elle exerce bénévolement dans une association. Parallèlement, elle a de nombreuses activités : gym, piscine, cours de chant, sensibilisation dans les collèges, auprès des familles d’accueil...

Malheureusement, juste avant le confinement de mars 2020, son 4e chien guide décède brutalement d’un cancer. Un mois plus tard, sa chienne précédente qui a partagé son existence pendant presque 6 ans après sa retraite doit être euthanasiée.

Très marquée, Régine ne fait une nouvelle demande qu’en octobre et reçoit Pipper, sa nouvelle chienne, en mai dernier : « J’ai essayé d’utiliser la canne, mais je ne me sentais pas en confiance et me heurtais dans les obstacles. Pipper est pour moi un renouveau, le plaisir de retrouver mon autonomie. Je vais où je veux quand je le veux, je ne suis pas obligée de prévoir mes déplacements à l’avance. Je sais que mon chien guide est prêt à partir. »

 

 

 

 

 

 

 

 

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