Martine et Jacky, tous deux aveugles, se sont rencontrés lors du stage de remise de leurs premiers chiens guides respectifs à l’Association de Chiens guides de Lyon et Centre-Est. Aujourd’hui, ils partagent non seulement leur vie mais aussi leur chien guide d’aveugle, Jango ! Découvrez leur témoignage.

Agés respectivement de 70 et 73 ans, ils sont les heureux maîtres de Jango, un labradoodle de 6 ans remis par les Chiens guides Grand Sud Ouest Aliénor Bordeaux.

Martine : Je suis devenue aveugle à 25 ans. Je ne me suis pas tournée vers le chien guide, car j’avais peur des chiens. Mes enfants, nés d’un précédent mariage, ont très vite voulu un chien et m’ont poussée à faire ma demande auprès d’une association de chiens guides. J’avoue qu’à ce moment-là je n’avais pas fondé trop d’espoir en son obtention car je n’exerçais pas d’activité professionnelle et je ne me considérais donc pas comme prioritaire par rapport aux autres demandeurs. À ma grande surprise, les Chiens guides de Lyon et Centre-Est m’ont très vite remis un chien guide. L’expérience ayant été plus que concluante avec ce dernier, j’ai fait une demande de renouvellement lorsqu’il a été mis à la retraite.

Jacky : Je suis aveugle depuis l’âge de 35 ans des suites d’une rétinite pigmentaire. À l'époque, j’habitais dans le Jura et j’exerçais une activité professionnelle dans le bâtiment. Il y avait peu de structures à proximité et il était difficile de se déplacer. J’ai pris les devants en effectuant tout d’abord un stage de réadaptation puis en assistant à une démonstration réalisée par l’association de chiens guides. J’en ai tout de suite vu l’intérêt, d’autant que ma compagne d’alors était voyante. C’est là que le destin s’en est mêlé et lors du stage de remise, j’ai rencontré Martine. Je l’ai tout de suite trouvée charmante et dynamique. Nous avons très vite sympathisé, à tel point que nos deux couples ont été amis pendant longtemps jusqu’à ce que le mari de Martine décède et que, pour ma part, je divorce.

Martine : Le chien guide a été le lien entre nous deux, même si nous sommes restés amis longtemps. Jacky était un grand calme, à l’écoute, moins étourdi que moi. Mon chien guide a aidé le sien pour l’apprentissage de ses nouveaux trajets. C’est de là qu’est venue l‘idée de partager un chien guide.

Jacky : Nous avons eu de bons échos des Chiens guides Grand Sud Ouest Aliénor Bordeaux, qui nous a remis Jango. Voyager avec deux chiens n’est pas toujours évident, même les visites en famille s’espacent parfois. Faisant de nombreuses sorties ensemble, nous nous sommes rendu compte qu’un seul chien suffisait pour nos activités.

Martine : Quand nous sommes tous les trois, c’est Jacky qui tient Jango et moi, je tiens le bras de Jacky : nous avons trouvé notre équilibre. Ce chien doit être aussi croisé avec un kangourou, car il fait des bonds spectaculaires, surtout lorsque viennent nos petits-enfants ! Il est adorable et il a le pouvoir incroyable de s’adapter à celui qu’il guide, il a compris nos petites différences. Dans deux ans, nous devrons entamer un stage de réflexion pour savoir si nous faisons une nouvelle demande.

Jacky : Tout dépendra de notre état de santé et de notre fatigue. Si nous sommes aptes à nous en occuper, c’est sûr, nous reprendrons un chien guide. Un chien guide c’est bien plus qu’une aide au déplacement, c’est une présence, une compagnie, une incitation à sortir. Il facilite aussi les interactions avec les autres qui s’approchent plus facilement de nous quand ils nous voient avec notre chien, alors que la canne blanche est une source d’isolement.

Martine : Tous nos chiens nous ont apporté satisfaction et sont restés avec nous jusqu’à la fin de leurs jours. Nous avons deux garçons chacun et des petits-enfants, qui les ont très bien accueillis. Nous n’avons aucun regret de ce parcours ; bien au contraire, ils ont changé nos vies.

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