Dossier « Animaux et enfants, une relation qui façonne l’éducation » - Extrait de la revue 145

Ce dossier est disponible en intégralité dans la revue 145

En France, près de six foyers sur dix (sondage Ipsos, 2023) partagent leur quotidien avec un animal de compagnie. Autrement dit, des milliers d’enfants grandissent chaque jour aux côtés d’un compagnon à quatre pattes. Pour certains, c’est un confident discret, toujours prêt à tendre l’oreille. Pour d’autres, un camarade de jeux, sans égal. 

Derrière ces instants de complicité se cache un formidable levier de développement. Empathie, responsabilisation, confiance en soi… nombreux sont les spécialistes qui s’accordent à dire que les animaux jouent un rôle étonnamment riche dans la construction émotionnelle, sociale et cognitive des plus jeunes. 

Une amitié silencieuse, mais précieuse, qui façonne l’enfance bien plus qu’on ne l’imagine. 

Un premier pas vers l’autonomie et l’empathie 

S’occuper d’un animal, c’est avant tout se responsabiliser. Le nourrir, le promener, l’emmener chez le vétérinaire ou encore le brosser sont autant de gestes simples, mais porteurs de sens. Même si les parents supervisent, l’enfant s’implique. Il découvre l’importance du respect et de l’attention à l’autre. Progressivement, il comprend qu’un animal ne va pas « bien tout seul ». Il dépend de lui, il compte sur lui. Et cette prise de conscience, développe chez l’enfant le sens du devoir et de l’engagement, une première forme d’autonomie concrète. 

Témoignage

"Tous les parents qui vivent avec un animal de compagnie le savent : le chien ou le chat sont des compagnons naturels de l’enfant […] S’occuper d’un être vivant, c’est une responsabilité qui fait grandir dans un contexte sécurisant, car les animaux ont une grande constance dans leurs réactions." - Dr Daniel Marcelli, pédopsychiatre (Naître, grandir et devenir : la place de l’animal dans le développement de l’enfant, Fondation de France, 2018) 

Un refuge émotionnel au quotidien 

Et si le secret du bien-être émotionnel des enfants se cachait dans le regard de leur compagnon à quatre pattes ? Plusieurs recherches en psychologie ont démontré qu’un animal agit comme un véritable « anxiolytique naturel ». Une étude publiée dans Social Development (Kertes et al., 2017) révèle que les interactions avec les chiens contribuent à faire baisser le taux de cortisol chez les enfants de 7 à 12 ans soumis au stress. Et l’effet est encore plus fort lorsque l’enfant va lui-même chercher du réconfort auprès de son compagnon. 

Dans les moments difficiles - déménagement, séparation parentale ou difficultés scolaires - l’animal devient une ancre émotionnelle. Il ne parle pas, mais il apaise. Il n’analyse pas, mais il console. Il est là, simplement, sans condition ni attentes. 

Un lien qui booste l’estime de soi 

Interagir avec un animal, gagner sa sympathie ou lui faire comprendre certaines habitudes peut renforcer l'estime de soi chez l'enfant. Chaque interaction positive devient alors une petite victoire qui donne envie d’en tenter d’autres. 

Pour les enfants présentant des difficultés d'apprentissage ou des troubles du comportement, le lien avec un animal peut faire des merveilles. C’est d’ailleurs ce que montrent de nombreux programmes de zoothérapie, aujourd’hui intégrés dans certaines écoles, hôpitaux ou structures spécialisées. 

Zoothérapie, KÉZAKO ?

La zoothérapie, aussi appelée médiation animale, consiste à faire intervenir un animal dans un objectif de soin, d’accompagnement ou de soutien émotionnel. Les animaux, spécialement éduqués, aident les enfants, les personnes âgées ou celles vivant avec un handicap, de l’anxiété, ou des troubles du spectre autistique. 

Leur présence apaise, stimule la communication et renforce la confiance en soi. Un chien guide peut ainsi rassurer un enfant malvoyant.  

Un apprentissage des cycles de la vie 

Vivre avec un animal, c’est aussi découvrir, parfois pour la première fois, les grandes étapes de l’existence : la naissance, la maladie, la vieillesse… et un jour, la mort. Ces moments délicats sont souvent les premiers contacts de l’enfant avec la fragilité de la vie. 

Les spécialistes des dynamiques familiales observent que la perte d'un animal domestique représente souvent le premier deuil d'un enfant. Une expérience bouleversante, bien sûr, mais aussi profondément formatrice. Guidé avec douceur par ses parents, l’enfant apprend à mettre des mots sur ses émotions, à traverser sa peine, à comprendre que tout être vivant a un début et une fin. 

Aussi bénéfique soit-elle, l’adoption d’un animal ne doit jamais être prise à la légère. Le choix de l’animal dépend de l’âge des enfants, de l’espace disponible ou encore, du temps que la famille peut y consacrer. Son arrivée doit être préparée, expliquée et encadrée. Les parents ont un rôle central à jouer pour garantir un respect mutuel entre l’enfant et l’animal, et pour aider chacun à trouver sa juste place dans cette cohabitation. 

En définitive, un animal n’est ni un jouet ni un outil pédagogique, mais un être vivant, sensible, capable de tisser avec l’enfant un lien sincère et formateur. Et c’est peut-être là la plus grande richesse de cette relation : éveiller le sens de la responsabilité… et de la vie, dans toutes ses formes.