Mon chien guide m’a donné des ailes ! Témoignage de Nathalie Galard

Nathalie Galard perd brutalement la vue en 2018 des suites d’un AVC sur les vaisseaux de la rétine en août 2011, aggravées par une hypertension liée à la perte coup sur coup de son père et de son emploi de gestionnaire qualité dans l’agroalimentaire en 2012. A 39 ans, mariée et mère de deux enfants, elle doit cesser de conduire, reconstruire sa vie professionnelle et surtout, réapprendre à sortir seule.

De septembre 2018 à 2019, un stage au Centre Basse Vision à Angers lui permet d’accepter et de mettre des mots sur son handicap. Après la pandémie de Covid-19, en 2021, elle effectue un bilan de compétence à l’Institut de Vertou ; en 3 mois, elle a réappris à utiliser un ordinateur et à cuisiner, et s’est essayée au maniement du Braille. Les odeurs, le toucher, le contact avec la matière du métier de chaisière la séduisent et elle est formée dans une entreprise adaptée et embauchée le 1er janvier 2023.

Bien qu’elle connaisse l’existence des chiens guides (sa fille ayant envisagé le métier d’éducatrice dans le passé), ce n’est qu’à l’issue de son stage de locomotion à l’Institut de Vertou qu’elle apprend qu’elle peut en bénéficier. L’espoir de retrouver son autonomie renaît : elle dépose son dossier auprès de l’Association des Chiens Guides de l’Ouest. Un essai de chien guide lui est rapidement proposé et le 12 juin 2023, Sia, une Labradoodle dynamique lui est remise.

« Je n’osais plus sortir sur les chemins », dit-elle. « Les cailloux, les racines et les branches étaient autant d’obstacles et je n’étais pas sûre de savoir revenir. Dans les magasins, j’avais la hantise de sortir ma canne et de heurter accidentellement les passants. Pour prendre le train, j’avais besoin de l’assistance en gare. Avec Sia, tout à coup, toutes ces limites ont disparu ! »

Nathalie assise dans l'herbe, caresse son chat d'un côté et se fait lécher la joue par Sia qu'elle serre affectueusement

Elle se lance dans la compétition de torball et Sia l’accompagne dans les transports. Elle rend visite à son fils à Paris sans appréhension. Les gens de sa commune s’adressent désormais à elle sans prêter attention à son handicap et Sia est l’occasion de beaucoup de rencontres et d’échanges. Elle se découvre aussi capable de s’occuper à nouveau d’un autre être vivant. Tout ce qu’elle ne pouvait plus faire redevient possible et les barrières s’effacent : Sia lui apporte autonomie, dynamisme, perspectives d’avenir. « Mon chien guide m’a donné des ailes ! », conclut-elle. Et d’ajouter : « Et j'aimerais aller voir, avec Sia bien sûr, notre fils qui part travailler pendant un an en Nouvelle Zélande ! »

Témoignage recueilli dans le cadre de notre revue "Les Yeux de Son Maître - N°143 - Novembre 2024" 

Nathalie tend la main vers le harnais de Sia sur une place, devant un monument